Un visage

L’étrangère

 Elle marche au milieu des Hommes, cherchant à se fondre dans la masse.

Elle cherche du regard un ami, un frère, une sœur, un semblable ;

Il semble bien qu’ils se cachent, la fuient, sont loin.

En toute chose entreprise elle demeure dans l’impasse,

Dans la peur de ne pas être comprise, d’être blessée, elle se tait et se cache.

Elle longe la route espérant qu’on l’appelle. Que soudain quelqu’un se dresse devant elle et lui tende la main. Mais partout on la dévisage et les sollicitations ne sont pas celles espérées.

Une famille, elle a une bien sûr. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant.

C’est bien quand on en peut plus, quand le poids de l’amertume vous emporte, quand les désillusions vous inondent. Un ami c’est autre chose.

Il vous ressemble, il vous connaît. Vous vous complétez ou vous vous confondez. Ensemble les choses seraient différentes.

Elle a besoin d’un ami. D’une épaule enfin sur laquelle pleurer. Pour la famille tant de choses sont à dissimuler que parfois elle se sent sur le point d’exploser.

Elle a tant besoin d’un ami. Homme ou Femme elle ne fera sûrement pas la difficile. Ne pas tout reposer sur la famille, ne pas trop en attendre des amants. Trop souvent sa différence lui a été jetée à la face

. Elle sait que ce n’est rien. D’autres endurent bien plus. Mais c’est personnel alors c’est différent. Elle veut juste être reconnue, seulement être entendue.

Pas avec des rires ou des messes basses. Pas d’un simple hochement de tête et le cœur serré. Elle veut juste être acceptée. Pour cela elle donnerait beaucoup sans pour autant y consacrer tout.

Car au fond elle a finit par se définir comme ils le font : une étrangère.