Une fleur dans la nuit
Perdu dans la forêt alors qu’elle cherche à s’échapper, la femme robot s’arrêta devant un étang. Les arbres la protégeaient des regards et de loin on pouvait entendre les animaux se déplacer.
Là où les hommes avaient peur de s’aventurer elle pourrait trouver du répit.
On ne pourrait dire pourquoi elle avait choisi de s’enfuir. Comment avait-elle pu prendre cette décision ?
On l’avait créée, incapable de penser, incapable de se définir. Elle n’était qu’une machine faite pour obéir, ou au moins un objet de décoration ou encore, pour certains, une aide de maison, de bureau, un élément du décor.
Mais un jour elle avait rêvé. Un jour elle avait espéré, s’était enfuie de la maison des maîtres.
Ses pas l’avaient menée bien loin sans savoir pourquoi. Puis elle l’avait vue.
Une lumière faible près de la mare, une large flaque d’eau boueuse et sombre dont elle pouvait maintenant sentir l’odeur autrement que par une analyse. Celle par laquelle on lui demandait d’observer le monde pour la garder à l’écart.
Elle s’était approchée et avait vu la fleur.
Une fois saisie la fleur s’était détachée mais sa lumière n’avait pas faiblie. La fleur avait brillé plus fort. Et elle s’était assise pour la contempler.
Le robot qui apprécie une fleur. La créature, celle qui n’est pas au niveau des hommes, qui se découvre une pensée, des appréciations… un jugement.
La technologie qui s’arrête devant la nature.
Loin des villes et de son milieu habituel, loin de la protection des hommes contre l’extérieur.
Une tenue, de rose et d’étoiles que maintenant elle couvre de rouge et de jaune qui par endroit l’éclaire.
La science des hommes face aux mystères de la terre.
Devant une fleur qui s’illumine quand elle ne devrait pas le faire.